Forêt

No pain, no gain

Vous avez déjà entendu cette maxime ? No pain, no gain ! Ça sonne bien, en anglais. En français, on n'a pas de traduction littérale et idiomatique, mais le tristement célèbre "il faut souffrir pour être belle", s'en rapproche dangereusement.

Dangereusement ? Pourquoi dangereusement ? Parce que cette idée, qu'il faut souffrir pour performer, est toxique. Et fausse. Les meilleures performances sportives sont réalisées lorsqu'on est en etat de état de flow, et pas en pleine souffrance.

Alors pourquoi continue-t-on de colporter cette idée qu'il faut en baver, toucher le fond, pour progresser. C'est je pense lié à la nécessité, bien réelle, de travailler, de s'impliquer, pour progresser. Je parle ici de travail au sens "effort, engagement, action" et pas au sens "travail rémunéré". L'erreur consiste à associer travail et souffrance. Ce mythe selon lequel le travail serait, par essence, désagréable. Comprenez-bien, je ne cherche pas à vous la "faire à l'envers", on pense à cette chanson de Blanche Neige hey ho, on rentre du boulot, où les nains, joyeux, piochent au fond de la mine. Si on met ça en regard avec la réalité du travail de mineur, il y a dissonance, quelque chose ne tourne pas rond. On est d'accord.

Mais une des leçons de la psychologie moderne, c'est que, justement, les individus sont bien plus efficaces lorsqu'ils sont respectés, qu'ils aiment ce qu'ils font, bref, quand ils prennent plaisir à travailler.

Pain is just French for bread
Source: Brighton Half-Marathon Facebook page

C'est pareil en sport. Si vous arrivez à l'entraînement ou en compétition avec comme objectif "je viens là pour en ch*er !!!", j'ai une information pour vous : ça va marcher. Vous allez souffrir. Énormément. Est-ce que ça vous rendra meilleur(e) ? Ça reste à prouver. Souffrir c'est facile. Mettez-vous dans des conditions détestables, exigez toujours plus, et la souffrance sera au rendez-vous. 100% garanti. J'en remets une couche : si vous avez un objectif de souffrance, en sortie vous aurez de la souffrance, juste de la souffrance, mais pas nécessairement de résultats.

La clé de l'efficacité, c'est de rendre simple ce qui est difficile. Un des moyens d'y arriver, c'est trouver comment vous entraîner, faire votre compétition, tout en y prenant plaisir. Un(e) athlète qui prend plaisir à son activité aura toujours une longueur d'avance sur celui ou celle qui souffre.

Les performeurs d'exception prennent plaisir à travailler dans leurs domaines respectifs. L'entrepreneur qui travaille nuit et jour à son projet, y prend plaisir. Il aime ça. Ou plutôt, s'il n'aime pas ça, il est certain d'échouer.

Il y a plusieurs façons d'accéder au plaisir pendant l'effort. Vous pouvez choisir une activité pour laquelle vous avez naturellement des affinités. C'est certainement le plus simple. Vous pouvez aussi rendre l'activité agréable, à l'aide de techniques de préparation mentale, par exemple en modifiant votre perception de l'activité, en l'associant à des moments agréables, en éliminant les éléments qui pourrissent l'expérience, en changeant l'environnement. Tous les coups sont permis.

Quand j'étais gamin, je voyais à la télévision cette publicité pour Royal Canin (1984), où l'on voit un berger allemand courir. Ce chien transpire la joie de courir. Soyez comme lui, courez, sautez, pédalez, plongez, ramez, tapez le ballon, lancez-le, visez, tirez, faites ce qui fait l'essence de votre sport, avec joie et spontanéité. Faites-le le plus naturellement possible. Il faut se laisser porter par le vent, pas lutter contre lui. Ça demande du travail, aussi. Mais, bonne nouvelle, ça n'est pas désagréable.

Et par pitié, arrêtons d'associer souffrance et performance. Travail, oui. Implication, oui. Mais s'il faut parfois tolérer une douleur, ça reste quelque chose qu'il faut éviter, et non rechercher.

La douleur est parfois inévitable. En sport, la souffrance est un choix.

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This article was updated on 02/10/2023

Christian Mauduit

Passionné de sports d'endurance, du 100 km course à pied à l'ultra triathlon en passant par l'ultra-trail, je suis aussi préparateur mental, à votre écoute.